Le Paysan perverti de Rétif de la Bretonne réimprimé par H. Kistemaeckers à Bruxelles en 1886. Commentaire par Octave Uzanne dans Le Livre.
Le Paysan perverti de Rétif de La Bretonne réimprimé par H. Kistemaeckers en 1886
2 forts volumes in-8. Tirage à 500 ex. sur papier vélin teinté
(il n'est pas fait mention d'autres papiers).
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Henry Kistemaeckers, de Bruxelles, a jugé opportun de réimprimer en deux gros volumes in-8° à 25 francs le Paysan perverti, de Restif de la Bretonne, sur le texte d'Amsterdam 1776. C'est assurément le meilleur ouvrage de Restif, et il méritait d'être remis au jour ; mais nous eussions voulu, non pas le voir réimprimer tout de go comme on vient de le faire sans préface ni notes d'aucune sorte, mais bien au contraire entouré de tous ses extraits d'origine, d'une sérieuse notice biographique et bibliographique, et surtout accompagné d'une clef des personnages qui existe déjà en partie. Dans la Revue de ses ouvrages, dans Monsieur Nicolas et divers autres endroits de ses oeuvres, Restif de la Bretonne se plaît à parler de son Paysan perverti, de la façon dont il le composa et le mit sous presse. Ces détails méritaient d’être réunis dans un avant-propos, ils étaient nécessaires au lecteur, car Restif demande une initiation ; pour bien le faire comprendre, il faut l'expliquer au préalable, et M. Kistemaeckers a eu tort de ne pas se soumettre à cette nécessité.
D'autre part, puisque nous sommes en veine de dire amicalement des vérités au très actif éditeur bruxellois, ne lui cachons pas davantage que le Paysan perverti, sans les fameuses estampes qui parurent séparément vers 1784 (et qui, presque toutes, sont dues à Binet), n'a pas raison d'être. Avec ces 82 estampes, c'est un livre typique du XVIIIe siècle ; sans elles ce n'est plus qu'un roman compact et qui semble d'autant plus lourd à digérer que les vignettes ne viennent pas égayer les étapes du lecteur. Il était aisé de faire reproduire ces figures d'un si haut intérêt pour l'histoire des moeurs et des modes ; mais, puisque M. Kistemaeckers ne l'a pas fait, il restera aux curieux, guidés par la seule passion littéraire, le plaisir de se dire que, pour une somme restreinte, ils peuvent se procurer un livre original entre tous et qu'il était malaisé de se procurer sans vider tous les louis d'or de sa bourse. (*)
Octave Uzanne, Le Livre, Chronique littéraire du mois, 10 mars 1886.
(*) On ne peut que donner raison à Octave Uzanne quant aux critiques qu'il émet sur cette édition pourtant assez jolie, d'un format agréable et bien imprimée. On constate encore une fois avec quelle précision Octave Uzanne commente les dernières parutions. Il ne laisse rien passer quant à l'intérêt littéraire des publications proposées par les différents éditeurs. Il faut dire qu'il connaît bien l'oeuvre de Rétif pour l'avoir étudiée quelque temps plus tôt lorsqu'il publie le volume : Contes de Restif de la Bretonne, le Pied de Fanchette ou le Soulier couleur de rose, avec une notice bio-bibliographique. Ce volume a été achevé d’imprimer le 15 mai 1881.
Reliure de l'époque demi-chagrin à larges coins, à la bradel.
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